Louis Figuier, L'Homme primitif, ouvrage illustré de quarante scènes de la vie de l'homme primitif dessinées par Emile Bayard et de 256 figures représentant les objets usuels des premiers âges de l'Humanité. 4ème édition, Paris, Librairie Hachette, éd. 1876, 451p. Document source : Musée d'Art et d'Archéologie du Périgord
La première édition de L’Homme primitif paraît en 1870. A cette date, il existe sur le marché de l’édition française plusieurs ouvrages de synthèse sur les origines du monde et de l’humanité. Il n’existe cependant que très peu de monographies de préhistoire à l’adresse d’un très large public et plus particulièrement de la jeunesse. L’esprit pionnier du llivre est d’ailleurs clairement revendiqué dès l’avant-propos : l’auteur annonce qu’il va "exposer une science qui n’existe pas encore".
Louis Figuier n’est cependant pas un savant ni un chercheur. C’est un journaliste, spécialisé dans la vulgarisation scientifique, domaine en plein essor en cette fin du XIXe siècle.
De fait, L’Homme primitif s’insère dans une collection d’ouvrages illustrés “à l’usage de la jeunesse”. Intitulée Tableau de la Nature, la collection a été inaugurée par Hachette en 1862 avec la publication de La Terre avant le déluge. Elle comprendra à terme dix volumes abordant tous les aspects de la géologie, de la biologie, de l’anthropologie et de l’histoire naturelle.
Illustration : fig. 51 - Légende : La chasse au mammouth dans l'âge de la pierre
L’Homme primitif traite de l’histoire de l’homme, des origines de l’espèce à la veille de l’invention de l’écriture. C’est donc avant tout un ouvrage de compilation qui balaie une thématique très large et veut tendre vers l’exhaustivité. L’accumulation des données s’opère cependant dans un cadre rigoureux qui retrace une trajectoire en accord avec les théories scientifiques.
L’ouvrage emprunte ainsi son plan à la classification paléontologique d’Edouard Lartet, révisée à la fin des années 1860 par le préhistorien belge Edouard Dupont. Les chapitres consacrés à l’âge de la Pierre sont ainsi réunis en trois grandes parties ayant pour titre : Epoque des animaux d’espèces éteintes ou du grand ours et du mammouth, Epoque du renne ou des animaux émigrés, Epoque de la Pierre polie ou des animaux asservis. Après cela, les âges du Bronze et du Fer constituent les âges des Métaux. Abondamment illustré, L’Homme primitif présente de nombreuses gravures : objets archéologiques, vestiges anthropologiques et paléontologiques, coupes stratigraphiques… Il est cependant surtout resté fameux pour ses “scènes de la vie primitive”, reconstitutions dues au dessinateur Emile Bayard. Ces reconstitutions cristallisèrent les critiques des scientifiques qui firent un accueil plutôt tiède à l’ouvrage.
L’Homme primitif fut cependant un énorme succès de librairie et la première édition fut épuisée en quelques mois. Mettant ce succès à profit, la librairie Hachette publia rapidement (c’est-à-dire toujours en 1870) une 2e édition dont l’illustration fut entièrement refondue. Presque toutes les “scènes de la vie primitive” se rapportant au Paléolithique furent remplacées par de nouvelles gravures. La refonte de l’illustration modifia profondément l’image de l’homme préhistorique. Par la suite, l’ouvrage connaîtra trois autres éditions : 3e édition en 1873, 4e édition en 1876, 5e et dernière édition en 1882.