Archéologie en musée et Identités nationales en Europe (1848-1914)
Un héritage en quête de nouveaux défis au 21e siècle
Un Colloque international, à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’ouverture du Musée d’Archéologie nationale
Le 12 mai 1867, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, le Musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines, récemment installé dans les murs du château de Saint-Germain-en-Laye, est officiellement inauguré.
Cette création est emblématique d’un mouvement, mesurable à l’échelle européenne, qui s’amorce vers 1800 et se formalise dans la seconde moitié du 19e siècle. Avant 1900, de manière plus ou moins précoce, de grandes institutions muséales d’ampleur nationale liées aux vestiges matériels du passé voient ainsi le jour à travers l’Europe : le British Museum (Londres) dès 1753, le Magyar Nemzeti Múzeum (Budapest) en 1802, le Nationalmuseet à Copenhague en 1819, le Museum für Vor und Frühgeschichte à Berlin en 1829, le Römisch-Germanisches Zentralmuseum à Mayence en 1852, le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire à Lausanne en 1852, le Museo Nacional de Arqueologia à Madrid (1867), le Museo Nazionale Preistorico Etnografico « Luigi Pigorini » à Rome en 1876, le Musée d’art et d’histoire à Neuchâtel en 1885, le Naturhistorisches Museum à Vienne en 1891, etc.
L’Europe est alors immergée en plein âge romantique, qui commande une attention passionnée à ce que l’on appelle encore les temps « obscurs ». Les innombrables vestiges matériels mis au jour à la faveur des réformes agraires et des travaux de génie civil de l'ère industrielle révèlent des civilisations anciennes, oubliées de la mémoire humaine ou reléguées dans l'antichambre de l'histoire. Avec le « Printemps des peuples » et l'émergence des nationalismes européens, ces reliques longtemps négligées se voient soudain conférer le statut d’antiquités nationales : exhumées de la terre des ancêtres, elles constituent les témoins privilégiés d’une nouvelle histoire, concrète et authentique, de la patrie ou de la Nation.
Réalités matérielles aux statuts pluriels, elles doivent également trouver place au musée. Mais quels musées ? Selon la nature des ensembles collectés, les circonstances pratiques et les modes d’institutionnalisation scientifique, ces matériaux rejoignent les collections de musées universels ou encyclopédiques, de muséums ou de musées d’ethnographie. Pourtant, lorsque les configurations politiques s’y prêtent, ils se voient offrir des lieux savants à la hauteur de leur valeur identitaire : de nouveaux musées spécialisés dans l’archéologie métropolitaine, qui sont chargés d’illustrer la vigueur des racines et la noblesse antique des états modernes.
Dans la France de Napoléon III, le Musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines, qui prend pour modèle le Römisch-Germanisches Zentralmuseum de Mayence, entre dans cette catégorie, avec une double ambition : faire rayonner la civilisation gauloise et témoigner de la solide continuité de la Nation, depuis les temps les plus reculés.
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