Pour tenter d'en savoir plus sur l'origine des caractéristiques physiques des hommes de Néandertal, un groupe de chercheurs américains, russes et français s'est penché sur les restes fossiles des deux nouveau-nés néandertaliens les mieux conservés au monde
: le premier âgé de deux semaines provient de la grotte de Mezmaiskaya située dans le nord-ouest du Caucase (Russie) tandis que le second, âgé de quatre mois, a été découvert en Dordogne sous l'un des abris sous roche du site du Moustier (France). « Si bon nombre des particularités du crâne et de la face des néandertaliens sont présentes dès la naissance, comme l'ont d'ailleurs confirmé de précédentes études portant sur ces deux spécimens, la mise en place des traits physiques propres à cet hominidé sur le reste du squelette restait encore mal connue chez le très jeune enfant », rappelle Hélène Coqueugniot, paléoanthropologue au laboratoire PACEA et cosignataire de l''étude. Pour combler cette lacune, les chercheurs ont tout d'abord effectué une série de mesures très précises de la longueur et du diamètre des ossements les mieux conservés du squelette infra-crânien des fossiles de Mezmaiskaya et du Moustier. Ils ont ensuite comparé ces paramètres morphométriques avec ceux d’enfants actuels du même âge. Leur analyse montre sans ambiguïté que les bébés néandertaliens possédaient déjà une bonne partie des caractéristiques de leurs parents : un corps massif, des os longs et robustes ainsi qu'un os du pubis plus long que celui des nouveau-nés actuels. « En prouvant que les différences squelettiques entre néandertaliens et hommes modernes adultes existent dès la naissance, nos travaux renforcent l'hypothèse qu'elles sont déterminées par la génétique et non pas façonnées au cours du développement par l’environnement ou le mode de vie. autrement dit que les néandertaliens le sont pleinement dès le berceau », conclut Hélène Coqueugniot.
Extrait de : Les bébés néandertaliens étaient tout le portrait de leurs parents, communiqué publié sur le site du CNRS le 13 juin 2016.
Pour en savoir plus, lire l'étude publiée dans la revue PNAS