Gabriel de Mortillet et Adrien de Mortillet, Musée préhistorique. Ed Reinwald, Paris, 1903, non paginé, 100 p. de pl. : ill. Document source : Bibliothèque municipale de Bergerac.
Gabriel de MORTILLET
(Meylan, Isère, 29 août 1821 — Saint-Germain-en-Laye, 25 septembre 1898)
Né dans une famille de tradition catholique et monarchiste, Gabriel de Mortillet fréquente pendant cinq années le Collège des Jésuites de Chambéry. Il poursuit ensuite ses études à Paris, au Muséum d’Histoire naturelle ainsi qu’au Conservatoire des Arts et Métiers. Il y acquiert une formation d’ingénieur et de solides connaissances en géologie.
Lorsque la révolution de 1848 éclate, Gabriel de Mortillet est dans le Midi. Il suit néanmoins les événements de près et publie plusieurs plaquettes dans lesquelles il expose ses convictions radicales et anticléricales. Condamné à deux ans de prison pour une brochure intitulée La Guillotine, il fuit en Savoie, puis en Suisse et en Italie.
Son exil dure près de quinze ans, pendant lesquels il occupe les emplois de directeur du Musée d’Annecy et d’ingénieur des chemins de fer. A la fin de 1863, il rentre en France et connaît une période difficile. Celle-ci s’achève en 1868, lorsqu’il est attaché au Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye fondé six ans auparavant.
Dès son retour en France, Gabriel de Mortillet cherche à promouvoir et à diffuser l’archéologie préhistorique qu’il a commencé à pratiquer durant son exil.
En 1864, il fonde la revue Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme. Il en assure la rédaction pendant quatre ans, avant de la céder à Emile Cartailhac. Suivront L’Indicateur de l’archéologue en 1872 et L’Homme en 1884, revues éphémères dont la durée de vie n’excéda pas quatre années.
En 1865, il conçoit avec les chercheurs italiens le projet d’un Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques. Ce projet aboutira dès l’année suivante avec une première session tenue à Neuchâtel, prélude à une dizaine d’autres réunions jusqu’en 1900. Par la suite, Gabriel de Mortillet s’engagera pour développer l’enseignement de la préhistoire en France. En 1876, il prend, aux côtés de Paul Broca, une part active à la création de l’Ecole d’Anthropologie dont il est nommé directeur quatre ans plus tard.
Le rayonnement scientifique de Gabriel de Mortillet a cependant largement dépassé sa position institutionnelle. Personnalité passionnée, esprit polémique et agressif, Gabriel de Mortillet n’a eu de cesse de faire triompher ses idées, scientifiques comme politiques (ces deux aspects étant bien souvent liés).
L’œuvre scientifique de Gabriel de Mortillet se structure autour d’un postulat, selon lequel l’humanité est soumise depuis ses origines à un progrès global, linéaire et continu. Illustrée dans sa Classification industrielle et développée dans les éditions successives du Préhistorique, cette conception de la préhistoire rencontre les idées sociales et démocratiques de l’auteur :
aujourd’hui comme hier, le progrès est inéluctable et doit rester global.
Pour Gabriel de Mortillet, “ on ne peut pas séparer le progrès matériel du progrès intellectuel ” et le savant a un devoir d’instruction auprès du peuple.
Adrien de MORTILLET
(Genève, 1853-Paris, 1931)
Le fils de Gabriel de Mortillet, après avoir voyagé et exercé plusieurs métiers (chercheur d'or employé d'un usine de parfums à Moscou et même acrobate dans un cirque ...) se consacre à la préhistoire et collabore avec son père au classement des collections du Musée des Antiquités Nationales. C'est à ce moment qu'il éxécute les dessins des planches qui illustreront le Musée préhistorique, dont la premiere édition est publiée en 1881.
A partir de 1883 il effectue des missions en France pour la Commission des monuments mégalithiques, puis se rend à l'étranger au service du Ministère de l'Instruction Publique (Italie, Russie, Autriche, Tunisie) ainsi qu'en Amérique latine pour le Musée du Trocadéro.
De 1889 à 1931 il est professeur à l'école d'anthropologie de Paris où il succède en 1929 à L. Capitan à la chaire d'anthropologie préhistorique. Il participe à des revues et fait partie, en 1902, de l'Association française pour l'avancement des sciences qui, après avoir visité les grottes ornées récemment découvertes autour des Eyzies, consent à l'authenticité de l'art pariétal.
En 1904 il est l'un des fondateurs de la Société préhistorique française et fait partie en 1906 des opposants de Henri Breuil dans la « bataille de l'Aurignacien ».