Une collection de plantes comestibles trouvés en Israël et datant de 780.000 ans révèle que le régime alimentaire à base de plantes de l'homme préhistorique était plus grand et plus diversifié dans le couloir du Levant reliant l'Afrique et l'Eurasie.
Plus de 9000 restes de plantes comestibles ont été découverts dans un ancien site préhistorique en Israël, sur la rive du lac Hula, dans la vallée nord de la Jordanie. Ce site date de la culture acheuléenne, il y a 1,75-0,25 millions d'années. La collection florale fournit un riche témoignage de l'alimentation à base de plantes de nos ancêtres préhistoriques.
Alors qu'ailleurs dans le monde les restes de plantes paléolithiques sont rares, cet assemblage macro-botanique unique a permis aux chercheurs de l'Université hébraïque de Jérusalem et de l'Université Bar Ilan d'étudier le régime alimentaire végétal de l'homme à partir de début du milieu du Pléistocène. Ceci est essentiel pour la compréhension de l'évolution, l'adaptation et l'exploitation de l'environnement par les hominidés.
Les restes ont été récupérés lors de fouilles archéologiques sur le site de Gesher Benot Ya'aqov, où la première preuve de feu contrôlé par l'homme en Asie occidentale a été découvert. Dans un article publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), intitulé «The plant component of an Acheulian diet: a case study from Gesher Benot Ya'aqov, Israel", le Professeur Goren-Inbar révèle la découverte de vestiges anciens macrobotaniques qui, pour la première fois, indiquent la riche variété des espèces végétales et les possibilités de subsistance à disposition des premiers humains.
"Ces dernières années, nous avons révélé de nombreux restes de fruits, de noix, de graines d'arbres et d'arbustes à côté de restes d'animaux et d'outils en pierre fabriqués par l'homme en un même lieu," explique le Professeur Goren-Inbar. Parmi les vestiges trouvés sur place, le Professeur Goren-Inbar et le Docteur Yoel Melamed, de la Faculté des sciences de la vie à l'Université Bar Ilan, ont identifié 55 espèces de plantes comestibles, y compris les semences, les fruits, les noix, les feuilles, les tiges, les racines et tubercules. Ces restes, de très petite taille pour la plupart, ont été conservés pendant des centaines de milliers d'années grâce aux conditions humides du site. Les basaltes sous et dans le site ont été datés, datations confirmées par les résultats des analyses paléomagnétiques.
"Cette région est connue pour la richesse de ses plantes, mais ce qui nous a surpris, ce sont les sources de nourriture pour les plantes provenant du lac. Nous avons trouvé plus de 10 espèces qui existaient ici à l'époque préhistorique, mais plus aujourd'hui, comme deux types de noix d'eau dont sept étaient comestibles », a expliqué le Dr Melamed.
Le site a été submergé sous la rivière du Jourdain et le lac Hula. Les conditions d'humidité et le manque d'oxygène, aidé par le recouvrement rapide des couches de sédiments, ont permis aux archéologues de trouver aussi des outils de pierre et des fossiles d'animaux. Gesher Benot Ya'aqov est aussi le lieu où le professeur Goren-Inbar a trouvé la première preuve de l'utilisation du feu en Eurasie. "L'utilisation du feu est très importante parce que beaucoup de plantes sont toxiques ou non comestibles. En utilisant le feu, la torréfaction des noix et des racines, par exemple, permet l'utilisation de différentes parties de la plante et augmente la diversité de la composante centrale du régime alimentaire acheuléen, en complément de la faune aquatique et terrestre », a déclaré le professeur Goren-Inbar.
L'utilisation du feu et la disponibilité d'une gamme diversifiée de la flore mettent en évidence la capacité de l'homme préhistorique à s'adapter à un nouvel environnement, à exploiter cet environnement pour son propre bénéfice et à coloniser au-delà de l'Afrique.
Référence de l'article :
Yoel Melamed, Mordechai E. Kislev, Eli Geffen, Simcha Lev-Yadun, Naama Goren-Inbar. The plant component of an Acheulian diet at Gesher Benot Ya‘aqov, Israel. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2016; 201607872 DOI: 10.1073/pnas.1607872113
Source : site ScienceDaily