L'utilisation de matières colorantes a certainement joué un rôle important dans l'évolution des cultures des premiers hommes modernes africains, mais son interprétation reste controversée. Rares sont les outils destinés au traitement de l'ocre, datés de cette période, à avoir été étudiés en détail pour comprendre pourquoi et de quelle façon l'ocre a été utilisée.
Dans un article qui vient d'être publiée dans la revue PLOSONE, des chercheurs du LaScArBx (UMR PACEA CNRS-Université de Bordeaux-Ministère de la Culture et de la Communication) essaient de répondre à ces questions en analysant la plus grande collection de meules pour la production d'ocre exhumée dans un site du Middle Stone Age. Découverts dans la Grotte du Porc-Epic (Dire Dawa, Ethiopie), dans des niveaux datés d'environ 40.000 ans, ces meules étaient associées à plus de 40 kg de fragments d'ocre, et concentrées dans des aires dédiées au traitement de ces roches. L'étude révèle que certaines meules ont été portées au site depuis des gîtes éloignés. L'étude microscopique et physico-chimique des résidus présents sur la surface de ces outils montre que différents types de roches ferrugineuses ont été traitées pour produire de la poudre d'ocre de différente granulométrie et couleur, probablement pour des fonctions différentes. Ces résultats indiquent un degré de complexité comportementale jusqu'à maintenant inconnu dans le Middle Stone Age de la Corne de l'Afrique.
Référence de l'article : Rosso D.E., Pitarch Martí A., d’Errico F. 2016. Middle Stone Age Ochre Processing and Behavioural Complexity in the Horn of Africa: Evidence from Porc-Epic Cave, Dire Dawa, Ethiopia. PLOSONE, in press.
Source : site internet du LASCARBX