Composé de trois volumes, Les enchaînements du monde animal constitue un traité de paléontologie traitant des fossiles du primaire (1888), des fossiles du secondaire (1890) et des mammifères tertiaires (1878). Ces thèmes traduisent le domaine de recherche du géologue et paléontologue Albert Gaudry, attaché au Muséum d’Histoire naturelle dès 1851, puis professeur de paléontologie à la Sorbonne entre 1868 et 1871 et au Muséum à partir de 1872.
Albert Gaudry n’a livré que peu de travaux relatifs à l’archéologie préhistorique. Son influence sur la jeune discipline a cependant été très importante, en raison de sa position institutionnelle.
En 1859, il pratique des fouilles dans la carrière de Saint-Acheul et présente le 3 octobre, devant l’Académie des Sciences, une note dans laquelle il apporte sa caution aux découvertes de la vallée de la Somme : “ la seule objection véritablement sérieuse que l'on ait faite à MM. Boucher de Perthes et Rigollot a été l'absence du témoignage de géologues ayant vu par eux-mêmes les haches en place ; cette objection n'existe plus ”. Ses travaux sur les mammifères tertiaires participèrent d’autre part activement à l’affirmation de l’origine animale de l’homme. Les enchaînements du monde animal consacre ainsi un chapitre aux quadrumanes dans lequel l’auteur mentionne quatre espèces de singes fossiles et s'attarde plus particulièrement sur le Dryopithecus décrit par Edouard Lartet. Gaudry énumère les caractéristiques qui rattachent nettement le Dryopithecus à un genre inférieur au genre Homo. Il émet l’hypothèse que les silex découverts dans les niveaux tertiaires de la Beauce par l’abbé Bourgeois ont pu être taillés par ce précurseur de l’homme.