La dernière période glaciaire a rendu inhabitable une grande partie du globe, mais il y avait des refuges où les populations ont pu, il y a 20000 ans, se regrouper et survivre.
Des chercheurs de l'Université de Huddersfield, spécialisée dans l'analyse de l'ADN humain, ont trouvé de nouvelles preuves de l'existence d'un ou plusieurs de ces abris dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'Arabie méridionale.
Quand l'ère glaciaire a commencé à reculer, avec le début de la période tardiglaciaire il y a environ 15000 ans, les gens de ce refuge se sont dispersés et et ont peuplé l'Arabie et la Corne de l'Afrique, et pourraient même avoir migré plus loin.
Jusqu'à présent, il était admis que les populations ne s'étaient pas installées en grand nombre en Arabie avant le développement de l'agriculture, il y a environ 10000-11000 ans. Les conclusions des membres de the University of Huddersfield's Archaeogenetics Research Group démontrent le contraire : les hommes modernes ont habité ce territoire depuis bien plus longtemps qu'on ne le pensait. Les nouvelles données de l'analyse génétique conforte une théorie qui a longtemps été soutenue par les archéologues, bien qu'ils aient eu peu de preuves à l'appui.
Le nouvel argument pour faire de l'Arabie un refuge lors de l'ère glaciaire - peut-être sur les plaines de la mer Rouge - est mis en avant dans un nouvel article publié dans la revue Scientific Reports. Son auteur principal, Francesca Gandini, est chercheuse en archéogénétique et membre du groupe dirigé par le professeur Martin Richards.
Les nouvelles découvertes sont basées sur l'étude d'une lignée d'ADN mitochondrial rare nommée haplogroup R0a, la plus fréquente en Arabie et dans la Corne de l'Afrique. Francesca Gandini et ses collègues sont parvenus à la conclusion que cette lignée est plus ancienne qu'on ne le pensait et qu'elle a une présence plus profonde en Arabie que ce qu'on avait cru jusqu'à présent, vraisemblablement depuis le Pléistocène.
Le nouvel article décrit également les dispersions pendant la période postglaciaire, il y a environ 11000 ans, de populations de l'Arabie vers l'Afrique de l'Est. En outre, il existe des preuves de circulation des personnes à travers le Moyen-Orient et en Europe. Il se peut même qu'il y ait eu un "flux de gènes" de l'Arabie dans les territoires que sont aujourd'hui l'Iran, le Pakistan et l'Inde.
Source :
Francesca Gandini, Alessandro Achilli, Maria Pala, Martin Bodner, Stefania Brandini, Gabriela Huber, Balazs Egyed, Luca Ferretti, Alberto Gómez-Carballa, Antonio Salas, Rosaria Scozzari, Fulvio Cruciani, Alfredo Coppa, Walther Parson, Ornella Semino, Pedro Soares, Antonio Torroni, Martin B. Richards, Anna Olivieri. Mapping human dispersals into the Horn of Africa from Arabian Ice Age refugia using mitogenomes. Scientific Reports, 2016; 6: 25472 DOI: 10.1038/srep25472