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Index de l'article

Edouard Piette, L'art pendant l'Age du renne, Paris : Masson, 1907, 112 p., 128 fig., 99 pl.
Document Source : Bibliothèque municipale de Périgueux 

L'art pendant l'Age du renne / Edouard Piette, 1907. Pl.28 : La femme au renne. Cliché PIP

Publié peu après la mort de son auteur, L'art pendant l'Age du renne est avant tout un extraordinaire album, faisant référence par la qualité esthétique et la valeur documentaire de son illustration. Le texte, incomplet, ne fut diffusé qu'une quinzaine d'années plus tard. Il aurait dû comprendre les résultats des nombreuses fouilles menées par Piette. Pour combler les manques, deux articles importants de l’auteur, précédemment parus dans L’Anthropologie ont été intégrés au volume. Il en résulte quelques contradictions avec l’introduction, un peu plus tardive.

L'ouvrage comprend une interprétation de l’art mobilier dans une perspective palethnographique et la formulation ultime des idées de l’auteur sur la chronologie du Quaternaire. A partir de ses premières fouilles au Mas d’Azil en 1887, Piette s’est attaché à développer une chronologie, sans cesse mise à jour au gré de l’avancement de ses fouilles et régulièrement présentée lors de congrès ou publiée dans des revues.  Face aux travaux de Gabriel de Mortillet, Edouard Piette est ainsi un des rares auteurs a avoir tenté, au XIXe siècle, de bâtir une classification à portée chronologique. Or, cette classification s’oppose fondamentalement à celle de Mortillet par ses bases méthodologiques. 

Piette privilégie l’œuvre d’art mobilier qui condense plusieurs types d'informations : paléontologique, ethnographique et, par sa position dans le sol, stratigraphique. Car pour Piette, c’est la méthode stratigraphique qui doit constituer le fondement de toute classification. Elle doit également primer sur l’analyse typologique, lorsque les résultats issus des deux démarches semblent en contradiction.

Pour lui, l'approche stratigraphique s'oppose à la pratique de la collection et à une science de cabinet imprégnée de présupposés théoriques. Ici, c’est précisément aux bases typologiques de la classification de Mortillet que Piette s’attaque. L’auteur n’hésite d’ailleurs pas à écrire que la classification de Mortillet “ est mauvaise en tout point. Elle prouve le danger qu'il y a de bâtir, dans le cabinet, une classification avec des éléments insuffisants ”. Contrairement à Mortillet, Piette fait de la fouille un moment déterminant de la recherche en préhistoire. En 1874, il lui assigne deux buts essentiels : “ étudier la superposition des assises et procéder à la recherche des objets qu'elles contiennent ”. Ces positions rappellent que l’approche stratigraphique, majoritairement délaissée au XIXe siècle, a cependant toujours été défendue par des auteurs se recommandant de Boucher de Perthes et d’Edouard Lartet.