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Pour tous les curieux de la Préhistoire, néophytes ou amateurs éclairés

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Index de l'article

Morceaux choisis 

SUR UN FRAGMENT DE DÉFENSE D’ÉLÉPHANT GRAVÉ D’UNE FIGURE DE MAMMOUTH, TROUVÉ À LA MADELEINE, DÉPARTEMENT DE LA DORDOGNE
 Par feu M. E. LARTET

CHAPITRE 19, pp. 206-208.

A la Madeleine (Tursac), la découverte d’un fragment d’ivoire de mammouth portant la gravure de cet animal eut un grand retentissement. Il s’agissait là d’une des premières découvertes d’œuvre d’art dans une couche indubitablement préhistorique. Cette découverte a apporté la double preuve de la contemporanéité de l’homme et de mammifères disparus.

Planche B XVIII : Partie de la couche externe d’une défense d’éléphant, plus probablement de mammouth"...En mai 1864, M. de Verneuil et notre défunt ami le Dr Falconer m’ayant témoigné le désir de visiter les cavernes et autres localités de la Dordogne que j’avais explorées en commun avec mon bien regretté collaborateur, feu M. H. Christy, je les accompagnai dans cette excursion. On continuait alors les fouilles au gisement de la Madeleine, qui avait déjà fourni un certain nombre de ces figures d’animaux gravées sur os ou sur bois de renne, et dont quelques-unes ont été mises, l’année dernière, sous les yeux de l’Académie..." 

... "Au moment de notre arrivée, les ouvriers avaient nouvellement découvert cinq fragments éclatés d’une lame d’ivoire assez mince, qui avait dû être anciennement détachée d’une défense, de taille moyenne, d’éléphant. Après avoir rejoint ces morceaux par les points de repère que fournissaient les anfractuosités des cassures, je montrai au Dr Falconer les nombreuses lignes gravées caractéristiques, quoique peu profondes, qui me paraissaient accuser des formes animales. L’oeil exercé du célèbre paléontologiste qui a si bien étudié les proboscidiens y reconnu aussitôt une tête d’éléphant. Il y signala ensuite d’autres parties du corps, et particulièrement, dans la région du cou, un faisceau de lignes descendantes qui rappelaient la crinière de longs poils caractéristique du mammouth ou éléphant des temps glaciaires.
On sait que cette particularité spécifique, expliquant l’habitat sub-arctique d’un animal de ce genre, avait pu être vérifiée, en 1799, par M. Adams, de l’Académie de Saint-Pétersbourg, sur les restes d’un cadavre de ce même type d’éléphant (Elephas primigenius) encore engagé, chair et os, dans la glace, près de l’embouchure de la Léna. On peut voir dans la galerie de Géologie du Muséum une touffe des longs poils de ce mammouth. "Ne voulant pas, suivant le règle que nous nous étions imposée, publier cette découverte avant qu’elle se trouvât confirmée par des observations analogues, je m’étais contenté de montrer le morceau à quelques personnes des plus compétentes. Je citerai parmi elles MM. de Quatrefages, Desnoyers, de Longpérier, qui l’ont, comme vous, examiné avec l’attention la plus scrupuleuse, ainsi que M. A. W. Franks, directeur de la Société des Antiquaires de Londres, lequel a bien voulu se charger d’examiner le moulage et de noircir au crayon les traits de gravure les plus arrêtés et les plus caractéristiques des formes que l’on y distingue. C’est donc, en réalité, l’opinion de ces savants éminents, celle de M. Falconer et la vôtre, qui sera produite devant l’Académie, autant que la mienne propre...."

... "Au reste, ce nouveau fait n’ajoutera rien aux convictions déjà acquises sur la coexistence de l’homme avec l’éléphant fossile (Elephas primigenius) et les autres grands herbivores ou carnassiers que les géologues considèrent comme ayant vécu dans les premières phases de la période quaternaire. Cette vérité d’évidence rétrospective se déduit aujourd’hui d’un si grand nombre d’observations concordantes et de faits matériels d’une signification tellement manifeste, que les esprits les moins préparés à l’admettre ne tardent pas à l’accepter dans toute sa réalité, dès qu’ils veulent bien prendre la peine de voir et, après cela, de juger en conscience."

 

SUR LA RACE HUMAINE
par Henry Christy 

CHAPITRE 2 - partie III- L'âge du Renne, pp. 11-26

Ici, Henry Christy évoque l'ancienneté de l'homme, s'opposant aux tenants d'une chronologie biblique et conclut par "La vieille idée chérie de l'unité de la race humaine", en établissant un lien de proximité entre l'homme ancien et le" primitif " moderne.

Outillages de pierre, p. 14, chapitre 2.

"Nous devons répéter ici ce que l’un de nous a déjà présenté ailleurs.  On trouve des traces de l’existence de l’Homme sur la Terre dans presque tous les pays grâce aux vestiges de l’une de ses industries primitives, les outillages de pierre. ..
..On peut, à juste titre, qualifier ces oeuvres de primitives, car nous avons de bonnes raisons de penser que les différentes races d’hommes, quoique à des périodes très différentes, sont passées par ce que l’on a désigné comme l’âge de Pierre, et surtout parce que nous connaissons plus d’un exemple, certains relativement récents, de ce que l’Homme, après avoir atteint l’usage du métal, est retourné à des outillages de pierre.

Ces outillages de pierre doivent être considérés comme les marqueurs d’un degré de civilisation plutôt que d’une ancienneté précise. Bien que dans certains pays on ait les preuves manifestes d’un chevauchement, pour ainsi dire, sur l’âge du Bronze avec arrivée progressive de l’usage du métal et disparition progressive de l’usage de la pierre, nous n’avons, jusqu’ici, aucun argument pour conclure que le métal et la pierre ont été employés simultanément pendant longtemps et, de façon générale, pour les mêmes usages ... ... En conclusion, on doit admettre que les faits que nous rapportons concernent la durée, jusqu’ici présumée, de l’existence de l’Homme sur la Terre ; qu’on ne peut les interpréter correctement qu’en faveur d’une antiquité plus grande que celle qui lui était assignée ; que ces recherches et les recherches similaires font progressivement pour la chronologie de l’Homme ce que la géologie a déjà fait pour la chronologie de la croûte terrestre. Mais, en même temps, nous sommes obligés de confesser que, jusqu’ici, rien dans la recherche des oeuvres de l’homme non civilisé ou primitif, ancien ou moderne, rien n’apparaît qui nécessite de remettre en question la vieille idée chérie de l’unité de la race humaine."

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 LA FOUILLE DE l'ABRI CRO-MAGNON

Un extrait du compte-rendu de la "fouille de sauvetage" réalisée par le fils d'Édouard Lartet, Louis, dans l'abri Cro-Magnon, au printemps 1868, après la découverte fortuite des squelettes.

Illustration. Coupe transversale à la vallée de la Vézère ,...Chapitre 6
UNE SÉPULTURE DES TROGLODYTES DU PÉRIGORD
pp.62-72
Louis Lartet
"...L’accumulation des gravats détachés des strates friables entraîne la formation, au pied de ces rochers escarpés, d’un talus de débris pulvérisés, gisant avec un fort pendage. Ces accumulations masquent parfois entièrement les lignes d’anfractuosités et les abris sous roche des niveaux inférieurs. Vue de la rive gauche de la Vézère- gravure L’un de ceux-ci,couvert par un talus de 4 m d’épaisseur, a été découvert à 880 m au nord-ouest du village des Eyzies, et 130 m au sud-est de la gare des Eyzies, au lieu-dit Cro-Magnon , au pied d’un rocher dont la partie supérieure, détachée, se dresse, évoquant grossièrement un immense champignon...
...Récemment, vers la fin du mois de mars, deux entrepreneurs des Eyzies, MM. Bertou-Meyrou et Delmares, exploitèrent de nouveau le talus pour en extraire du matériau pour une route proche. Après avoir enlevé sur 4 m d’épaisseur les débris qui couvraient l’abri, les ouvriers creusèrent sous la lèvre rocheuse en saillie qu’ils venaient de mettre à nu et tombèrent bientôt sur des os brisés, des silex travaillés et, à la fin, sur des crânes humains.

Les entrepreneurs en reconnurent immédiatement l’ancienneté et l'importance scientifique. Avec une prudence et une intuition, qui hélas font trop souvent défaut mais qui réjouiront les amateurs d’études palethnologiques, les entrepreneurs cessèrent immédiatement les travaux et se hâtèrent d’écrire à M. Alain Laganne qui s’était rendu à Bordeaux pour affaires. De retour aux Eyzies quelques jours après, M. Laganne exhuma, en présence de MM. Galy et Simon, de Périgueux, deux crânes et quelques autres fragments d’un squelette humain, ainsi que des os de renne travaillés et de nombreux outils de silex taillé. C’est alors que le Ministre de l'Instruction Publique m’envoya aux Eyzies où, après avoir surmonté, grâce à M. le Préfet de la Dordogne et l’aide obligeante de M. le Maire et de M. le Curé deTayac, quelques difficultés imprévues, je pus bientôt procéder dans les règles à l’exhumation systématique de la sépulture et de ses abords...

 

... En ce qui concerne les restes humains et la position qu’ils occupaient dans la couche I, les résultats de l’enquête soigneuse que j’ai menée sont donnés ci-dessous. Dans le fond de la grotte, le crâne d’un vieillard  a été trouvé isolé, en surface, dans le renfoncement non rempli de sédiment. Il était ainsi exposé à l’égouttement carbonaté du toit, comme le montre le revêtement stalagmitique qu’il porte par endroits.

Crâne du vieillard. Tome 2 pl. C1

Les autres ossements humains, appartenant à quatre autres squelettes, ont été trouvés autour du premier, dans un rayon d’environ 1,50 m. Parmi ces ossements, à la gauche du Vieillard, se trouvait le squelette d’une femme. Le crâne présente, sur le front, une blessure profonde, causée par un instrument tranchant mais qui n’a pas entraîné immédiatement la mort puisque l’os a commencé à cicatriser sur la face interne. Les médecins pensent même qu’elle a survécu plusieurs semaines. A côté du squelette de la femme, se trouvait celui d’un foetus qui n’avait pas atteint son complet développement. Les autres squelettes semblent masculins.

Parmi les restes humains, gisait une multitude de coquillages marins (environ 300), tous perforés. Ils appartiennent presque tous à l’espèce Littorina littorea, commune sur nos côtes atlantiques. D’autres espèces, comme Purpura lapillus, Turitella communis, etc.  sont en petit nombre. Également perforés, ils ont, comme les autres, été utilisés comme colliers, bracelets, ou autres effets ornementaux. Non loin des squelettes, j’ai trouvé un pendentif, ou une amulette, en ivoire, ovale, plat et percé de deux trous.

M. Laganne avait déjà découvert un spécimen plus petit et M. Ch. Grenier, instituteur aux Eyzies, m’en a aimablement donné un autre, presque semblable, qu’un de ses élèves lui avait apporté. On a également trouvé, près des squelettes plusieurs dents percées, un gros bloc de gneiss, fendu et présentant une large surface polie, ainsi que des bois de renne travaillés et des silex taillés des mêmes types que ceux des niveaux de foyers sous-jacents."

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